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Le sens des mots


Nos actions sont souvent la cause de conséquences totalement inattendues.
Prenons par exemple notre comportement environnemental : il a pour effet connu de réchauffer la planète, avec pour conséquence inattendue l’arrivée des premiers merles et des premières chouettes effraies dans les étendues glacées du Grand Nord.
Lorsque ces oiseaux sont apparus, les Inuits étaient très ennuyés car ils n’avaient pas de mots, dans leur langue, pour les désigner : ils n’en n’avaient jamais vus !
Prenons un deuxième exemple qui met en cause notre comportement sociétal : lors de la dernière période de chienlit nationale, en novembre, il est quand même "abracadantesque" que la parole ait pu être la cause d’une situation chaotique dans les ceintures urbaines.
Pour essayer de comprendre, je me suis plongé dans l’Encyclopédie Larousse (éd. 1935) :
« Racaille = rebus de la société ("Méprisons les criailleries de la racaille" dit Monsieur de La Fontaine) ou ce qu’il y a de plus vil (ex : on a vendu les belles choses, le reste n’est que racaille) »
Dur, dur ! Encore que, dit par un banlieusard à un coreligionnaire, cela peut avoir une connotation amicale paraît-il ; comme le "couillon" de Marcel Pagnol quand il s’adresse à un "pays" !
En continuant à feuilleter, j’y ai trouvé « nomprix : caractère ou état de ce qui est vil, sans prix ».
Médiatiquement, je ne sais pas ce qu’aurait donné : "karchériser les nomprix".
Mesurant la trivialité de l’expression, j’en fis part à mon entourage ; en cette période de fêtes, il était aux abonnés absents : certains se passionnant pour un documentaire sur un mariage rom et sur l’élaboration du "sang de vierge", d’autres confectionnant les turluttes pour aller débusquer calamars et pieuvres, ou se concentrant sur leur grille de scrabble pour placer coûte que coûte trace-sautereau, d’autres encore se persuadant que trinquebasson correspond à la définition d’un instrument de musique, les grands-mères s’extasiant sur des planches animalières flambant neufs qui font la part belle aux couleurs chatoyantes du ptéridophore, de l’astragie noire, de l’épimaque, du manucode, du six-filets (une merveille !), du diphyllode républicain (qui n’est pas bleu, blanc, rouge), du hausse-col-noir (qui n’est pas tout noir), du loddigésie admirable (qui l'est vraiment, admirable), de l’argus, du paon, du couroucou mexicain et de la veuve et, je vous fais grâce des thaumalées et autres tchitrées !
Et puis j'ai repensé aux Inuits et il m’est venu, du très profond de mes circonvolutions, d’autres noms que je vous liste pêle-mêle : stocks-options, actions gratuites, augmentation de la valeur du point, report avec plancher, réactualisation des ICL, bonus Villepin, prime exceptionnelle en janvier, chèque carburant, prime exceptionnelle en février, prime de rendement, participation, intéressement, Sainte Barbe, Voeux, etc…
Foin des agaceries, mais le retraité que je suis constate, qu’à l’opposé des Inuits, j’ai à ma disposition un vocabulaire d’entreprise trop riche dont j’ai perdu jusqu’au sens des mots. Allez savoir pourquoi ?
Mots rares, inusités ? Alzheimer ? Non, simple volonté des gouvernants et de leurs affidés d’ignorer cette population de retraités, bientôt 13 millions d’âmes tous régimes confondus, dont quelques anciens ELF et TOTAL.
Toutefois, il semble que l'année 2006 démarre sous d'heureux auspices pour les retraités du Groupe puisqu’ils accéderont à l’augmentation de capital TOTAL ; certes, à condition d’avoir des « actifs » dans le PEG et de payer cash les actions acquises, ce qui risque d'obérer sérieusement l’approvisionnement en boutanches de l’Hospice de la Côte d’Or… Mais rêvons un peu en cette période de fêtes : pourquoi pas une action gratuite pour chaque action acquise cash ? Une revendicationà porter par le SICTAME et/ou l'AVAS ?

A tous, je vous souhaite de passer de très bonnes fêtes de fin d’année 2005 et espère que 2006 sera pour vous et vos proches une année d’espoir, de tolérance et de reconnaissance.

PS : vous pouvez m'objecter que TOTAL n’a pas oublié les retraités puisqu'il participe à la cotisation Mutuelle des retraités. Exact, mais cette Mutuelle négociée ribon-ribaine n’a pas été portée sur les fonds baptismaux ‘in poculis ! Nous pourrons en reparler à d'autres occasions…