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Toujours du combat ! Olè !


«Il faut bien qu’elle soit parisienne, car elle entend bien à tournevirer un homme (G.Leroux) ».
Soumis à la fantaisie de la dite parisienne me voici prisonnier du texte de sa cédule : écrire, sans que je tombe dans le cataglottisme, un édito truffé de termes spécifiques à « la fête du courage  », à «  la fête des gens de cœur » ( Carmen de Bizet).
Ne riez pas ! Car, même si la nôtre est moins grande que la Grande, peut-on, dites-moi, résister à une Catherine, aficionada6 de surcroît ?

Alors, voici :
Le mundillo7 et le monde syndical sont en effervescence, une lidia8 et une négociation sont annoncées.
Dans la chambre d’hôtel, sorte de querencia exiguë, le matador épingle sa coleta et se vêt. Il se coule, aidé par son mozo de espada et son apoderado dans son habit de lumières. Cet exercice lui a donné soif…la peur commence à lui tenailler le ventre alors, il attrape le botijo ( récipient en terre cuite ), fait couler un léger filet d’eau et s‘humecte le visage. Croyant et superstitieux, il s’agenouille devant la table où est posée religieusement sa capilla14. A côté d’elle, une bougie, le matador devient feutier15, il allume lui-même la flamme qui crépite, puis …laissons-le !
Les membres du staff patronal se vêtent aussi, réajustent leur complet-veston gris anthracite, vérifient l’éclat de leurs richelieus, remontent leur zip, rabattent leur cravate et vont se rafraîchir aux lavabos les plus proches.
Le SICTAME est serein, fier de son lignage et de sa caste qui vient de s’enrichir de la souche UNSA, il est prêt à montrer sa bravoure, sa noblesse, il a dans les yeux ce lucimiento ( éclat) qui fait de lui un partenaire social honnête, redoutable et respecté.
Le diestro10, enfonce la montera sur sa tête jusqu’au niveau des yeux et des oreilles puis, avec dévotion, jette un dernier regard vers la capilla.
Le staff direction jette un dernier regard de soumission et de conviction vers l’autel du Medef.
Le SICTAME quitte le local syndical encouragé par ses proches.
Puis, tous les acteurs se dirigent en silence vers la plaza (les arènes) et vers la salle de réunion.

C’est l’heure, los cinquos de la tarde ( cinq heures )  pour les uns, n’importe quand pour les autres. Tout est en place, le Code du travail bien en vue, posé sur une table, la Présidence technique de la plaza installée, bien visible par tous, les négociateurs au calme dans les couloirs, les acteurs de la corrida au calme dans les patios ou à la capilla.
Les clarines sonnent, les montres bracelets aussi, la brega ( lutte ) va commencer dans l’arène, ainsi que l’abouchement dans la salle de négociation.

Sur le sable de la plaza, sous un soleil de plomb, les alguazils :

  • mènent le paseo des cuadrillas dans le ruedo,
  • transmettent la clé symbolique (factice ) du toril à l’arenero ( employé, valet )
    chargé d’en ouvrir la porte,
      • et surveillent la piste.
 

Tous les toreros après s’être signés et salués avec déférence se mettent en place. Les subalternes dans le callejon , les peones, devant les burladeros et les talenqueras, s’essaient avec le maestro à quelques passes de cape.
Sur la moquette de la Tour, sous un air climatisé insupportable, les diverses délégations déambulent vers la salle de réunion, se saluent machinalement, posent leurs fesses toujours à la même place, déploient leurs cahiers, leurs plannings et revisitent leurs notes et apostilles21.
Le SICTAME, chef de lidia, salue civilement tout le monde et investit la place.

Le toro22 pénètre dans l’arène, quel trapio22! C’est le combat !
La négociation est sur la table, quelle présentation !  C’est le chamaillis23 !
Le SICTAME intervient, quel silence !

D’un côté, la bête pèse dans les 46 arrobas22, les pitons22 sont bien dressés, la robe22 est en général noire, un œil vif et noir regarde le matador; c’est connu !
De l’autre côté, les classeurs de documentation valent bien leur pesant de cacahuètes, les crayons sont affûtés, les mines sont crispées, les gommes sont neuves, les yeux bovins s’entre-regardent, l’amour attend-t-il du côté des négociateurs; c’est moins sûr !

Le maestro veut triompher, conquérir le public, il devrait analyser l’acomedita24, l’arrancada24 du toro, mais voulant montrer son courage inébranlable, il prend tous les risques car il entame sa faena par une larga afarolada de rodillas a porta gayola26. A genoux, devant la porte du toril il reçoit le fauve impétueux, dans les plis de sa cape18 ( capote ) jaune et rose empesée à la colle de poisson.
Quelle bête, quelle beauté, quelle puissance !
Ensuite sorti sans cornada25 de cette folie, il lui sert les meilleures passes26 du répertoire: véronicas, média-véronicas, chicuelinas, serpentinas, mariposas , reboleras , gaoneras , fregolinas ou orteguinas, navarras , aragonesas, galleos, orticinas ou tapatias, faroles et rodillas.
Quelle harmonie des gestes !
Le SICTAME entame la négociation et veut convaincre l’ensemble des délégations, alors il sert avec toute la puissance de sa conviction, la pertinence de ses analyses. Comme à son habitude, vif et spirituel, il répartit, il étonne, il s’impose. Si une raillerie, fuse, si une attaque injuste est portée, alors, il riposte de façon adaptée, il réplique, il raisonne, il objecte, il rétorque, il récrimine, il repousse, il refoule, il rejette, il rabroue, il mouche, il affirme !
Quel  professionnalisme !

C’est un moment magique où bête brave, négociation et SICTAME sont pleins de fougue, d’alégria27 et d’espérance.

Le matador brille sous les olés.
La Direction doit briller aussi, il n’y a pas de raison … mais elle doit briller dans le négatif.
Le SICTAME brille aux yeux embués des négociateurs dans lesquels se lit l’approbation.
Mais les clarines retentissent, les picadors28 rentrent en lice, aidés par les monosabios28. Le matador par un quite26 de chicuelinas26 et une passe de remate26 amène le fiera22 au contact de la cavalerie.
L’espada va essayer de réguler la charge du burel22 .
La Direction va déployer tout son art pour casser le rythme de la négociation, pour patrociner29 , raisonnailler30 .
Le SICTAME va essayer de faire aboutir la négociation.

Premier tercio31 [ suerte32 de vargas28:le tiers de piques qui ‘casse’ l’agressivité du taureau ( toro ). Le taureau est étudié par les peones puis fixé par le matador.].
C’est le moment pour le matador de souffler un peu, un pied sur l’estribo18, il boit une gorgée d’eau à sa timbale en argent.
Tous les négociateurs se désaltèrent aux cafetières et théières mise à disposition par la Direction, au fond de la salle.

Le picador avec sa vara28, pèse lourdement sur le morillo22 du bicho22, l’incarnadin33 se mélange au noir de la robe.
La Direction entame son propre tiers, l’attaque est sévère car elle a des consignes strictes pour faire capoter la négociation. La discussion n’est plus que bisbilles34, attrapades35, clabaudages36. Mais celle-ci a la peau dure, elle soubresaute, elle relève la tête, des bluettes37 d’espoir jaillissent !
Le SICTAME entretient la discussion.
Mais le toro n’est pas manso22, il attaque de nouveau le peto28 jusqu’au quite.
Sous le fer, le taureau brave montre sa caste, sa race, son courage et tellement que parfois il renverse la cavalerie ( cheval + picador ) avant de reprendre son terrain sur la piste. Le toro est apaisé.
Le matador souffle.
La négociation est affaiblie du fait de la Direction.
Le SICTAME continue de rendre trait pour trait, pour aviver la négociation : il dardille38, il picote39, il pointille40, il contre-pointe41.

Deuxième tercio [ suerte de banderillas : le tiers des banderilles qui ‘avive’ le bicho ( toro )].
Le toro a besoin de se reposer.
La négociation a besoin de reprendre son souffle.

Le maestro rappelle ses peones, il va avec son sens du tragique et de l’esthétisme poser lui-même les banderilles en dansant avec art sur une musique de circonstance. Le public est déchaîné.
La Direction est un peu décontenancée.
Le SICTAME va tenter quelques « escarmouches » pour titiller la négociation. L’attrapage35 est vif, mais le SICTAME a le bien-dire42. Les délégations syndicales sont ravies.

En fin de tiers, le toro est prêt pour le final, le SICTAME aussi,  la négociation est relancée.
Les clarines sonnent, les montres-bracelet aussi !.

Troisième tercio [ suerte de muleta43 ou de muerte ou ultime tercio qui ‘règle’ le cornu ( toro )].
Avec l’accord du Président44, c’est l’affrontement ultime. Avec son épée factice et son bout d’étoffe rouge : la  muleta, le diestro va étaler ses qualités de vaillance, d’art, d’inspiration, seul en face de l’adversaire,  et si, en plus, il y a du dominio45, du duende45, le toreo46 charme, le toro est sublimé, le public est envoûté ! .
C’est au plus près que va se jouer cet acte, c’est un engagement total pour le matador qui va risquer noblement sa vie, le toro aussi me direz-vous, mais pas le SICTAME.
Le maestro s’offre, s’expose, il charge ses passes qui s’enchaînent dans une chorégraphie magistralement  dessinée. Il est immobile sur son terrain, s’il a l’aguante47, il va canaliser l’embestida24 du toro et lui servir à main droite, comme à main gauche des naturelles suaves, suivies de derechazos, de firmas, de redondos, de manoletinas, de molinettes, de banderas ( giraldillas ), de passes de telon, de trincheras, de vitolinas, de dosantinas, de pedresinas, d’arrucinas, de pendulos, de kikirikis, etc. La suerte est émouvante, le maestro opère en un même endroit, réduit au maximum la distance du passage de la corne, les gestes de l’homme sont lents, effectués dans une attitude décontractée révélant l’art, le génie ( el temple45 ) plane sur l’arène ! La musica porte cette allégresse ! C’est un vertige général !
La Direction s’enferme dans un mutisme de mauvais aloi.
Le SICTAME négocie pied à pied, avec loyauté, sans arrière pensée. Il utilise tout ce qui lui est autorisé pour capter, bonifier, ennoblir cette négociation qui lui tient tant à coeur. Il combat, il contrecarre les assauts, il rabroue, il vespérise48 à l’occasion, il récrimine si besoin, il contrebalance le poids de la Direction enfermée dans son schibboleth49 et de certains m’as-tu-vu qui embarbouillent50, rebéguent51, ragotent52, rognonnent53.
Le SICTAME ne faiblit pas, il cite, il allègue, il produit tout en restant circonspect, il ne déserte pas, ne renonce pas, il est efficient, il est pugnace et il convainc !
La chorégraphie magique s’achève, le matador conclut son trasteo ( travail à la muleta), sa faena par une passe de remate. La musica s’arrête. La figura troque son épée factice contre un fer de Tolède et soit à recibir soit al volapié, c’est l’estocade.
Le fer pénètre dans la cruz et le toro s’écroule.
La négociation s’écroule sous le babil55, les escobarderies56, le galimart57, les embabouinages58 de la Direction..
Quelquefois le toro brave, le toro de race résiste, le maestro n’a pas d’autre alternative que de l’estoquer avec le descabello pour le foudroyer avant qu’il ne reçoive le coup de grâce du puntillero19.
Le matador reçoit l’abrazo59 de ses peones, les vivats du public, et éventuellement le trophée60 attribué par la Présidence.
Le SICTAME reçoit les félicitations de ses pairs puis les remerciements du personnel qui lui manifeste sa reconnaissance pour son action clairvoyante face à cette négociation polluée qui allait conduire à un contrat non synallagmatique61.
Comme c’est la coutume, le matador, sous les olés,  quitte la plaza à hombros62, parfois accompagné par le mayoral de la ganaderia.
Le SICTAME sort de la salle de négociation la tête haute.

Le train d’arrastre18 amène la dépouille du valeureux et sublime combattant vers l’abattoir ; les clarines sonnent, un autre toro brave se présente..
Les techniciens de surface s’afférent pour rendre la salle « clean » à une autre négociation.

Conclusion.
Dans les campos63, les vaches à ventre ont mi-bas. Les becerros22 et les erales22 scrupuleusement sélectionnés par les ganaderos63 vont devenir toros et connaîtront leur jour de gloire lors d’une future temporada64. Dès à présent, le SICTAME attend la prochaine tertulia65, il est prêt pour amender, rendre acceptable, faire avancer, voire aboutir la prochaine négociation.
Parfois, le toro brave reçoit l’indulto66!
Parfois, le SICTAME signe un protocole d’accord ; un de ceux qui ne lèsent pas le personnel.

Suerte maestro!
Suerte SICTAME ! Suis ton immarcescible67 destin et tu atteindras la cumbre68! .
Et bien, voilà !

 « La haine n’existe pas dans la corrida. Il n’y règne que l’amour et la peur »
( Jean Cocteau ).
Et dans la négociation ?
PS : J’ai suivi la cédule à la lettre, maintenant, est-ce que cela intéressera notre lectorat ??? surtout que je suis tombé en plein cataglottisme.

 

Avis : Pour bâtir un ‘édito’ qui se tienne ( et ce n’est pas gagné ), je me suis autorisé à faire plusieurs associations, à savoir : [toro / négociation], [peones / délégués syndicaux], [public/personnel+délégations syndicales], [matador/ SICTAME], [éleveur+organisateur / direction], [Alguazil+ Président / code du travail].

Bibliographie :

 

 

Lexique :
01 tournevirer : faire mouvoir à sa fantaisie.
02 cédule : papier par lequel on notifie quelque chose.
03cataglottisme : emploi de mots recherchés.
04Carmen : 1875, Carmen de Bizet
05Catherine II de Russie dite Catherine la Grande
06 aficionada : grande amatrice de la course de toros avec une compétence avérée ( en général plus sensible aux toreros qu’aux toros !).
07 mundillo : petit monde des toros … la planète des toros.
08 lidia : c’est l’action ou plutôt le mode de combattre. La lidia très réglementée se compose de 3 tercios : piques, banderilles, mort. La corrida ( course de toros ) est la répétition de cette lidia pour chacun des toros ; en général 6 pour une course.
09 querencia : surtout employé pour le toro, endroit de l’arène où le toro aime se réfugier.
10 matador :
11 coleta : petite tresse de cheveux que le torero porte fixée sur sa nuque, c’est l’insigne de sa profession et se couper la coleta signifie prendre sa retraite. Mais certains matadors en mal d’arènes reviennent, c’est comme s’ils partaient en PRC, mois j’ai coupé ma coleta sans possibilité de revenir … cela ferait sans doute rire mon successeur !
12 apoderado : fondé de pouvoirs, intendant du maestro, son homme d’affaires, son conseiller technique.

14 capilla : cahier épais de cuir rouge, gravé d’une croix et du nom du matador et qui contient des images pieuses. C’est aussi la chapelle de la plaza.
15 feutier : seulement 14 personnes en France pratiquent ce métier. Ce sont les employés du Sanctuaire de Lourdes, chargés de gérer la combustion des cierges, offrandes des pèlerins sur les lieux saints.
16 montera : bonnet, toque, c’est le couvre-chef typique des toreros en astrakan ou en tissu noir couvert de petites boules de laines dites moritas et possédant deux espèces de cornes de chaque côté.
17 abouchement :  mise en face, entrevue, conférence.
18 l’alguazil est  chargé de conduire le paseo et de faire respecter l’ordre dans la piste ( ruedo )  et dans le couloir ( callejon )durant la lidia et transmet les ordres du Président.
-paseo : défilé de tous les acteurs principaux ou secondaires qui évolueront ensuite : les 3 matadors avec leurs 3 peones et leurs 2 picadors et le service de piste ( areneros et arrastre : attelage de mules ou chevaux pour sortir la dépouille de l’arène vers l’abattoir). Tout ce monde salut le Président, puis les maestros échangent leur luxueuse cape de paseo – que le mozo offre à une personnalité pour la durée de la corrida- contre leur vaste cape de brega ou capote ( tissu d’une longueur de 1.05 à 1.2m en soie et coton).
-le train d’arrastre : l’attelage de mules prèvu pour évacuer les dépouilles, termine le paseo.
-ruedo : la piste de sable, le sol des arènes : « sable d’or de Séville et sable noir de Bilbao ».
-callejon : couloir qui permet de circuler entre la barrera et les premiers gradins ( tendidos ) des spectateurs. Les subalternes et quelques privilégiés ( amis, éleveurs, ministres, président de la chambre des députés comme ce 15 août à Dax) peuvent assister à la corrida de cet endroit. Parfois le toro saute dans le callejon, là aussi il y a des burladeros, mais, imaginez la panique !
- estribo : barquette qui sert de marchepied, contre la barrera ( barrière ).
 -burladeros : abris, refuges, faits d’un panneau de bois, placés devant les ouvertures ménagées dans la barrière ( barrera ) qui encercle le ruedo et qui limite un espace trop étroit pour le passage du toro, mais suffisant pour celui d’un homme. Personnellement, j’ai essayé à Garlin, je ne passe pas, sauf peut-être avec le toro aux fesses ?.
- talenqueras : ( palissade de bois ou de pierres ) barrière qui ferme le callejon devant les gradins.
19 cuadrilla : le matador, les 3 peones ( dont 2 poseront les banderilles  ( banderillos ) et le puntillero qui donnera le coup de grâce au toro avec son poignard ou puntilla), les picadors, le mozo, l’apoderado et un ou deux aides qui s’occupent des trastos ( instruments de travail) : capes, muleta, épées factices etépées de muerte.
-toreros: celui qui pratique l’art de travailler, de combattre le toro. Nom commun : tout combattant professionnel de l’arène qu’il soit matador, banderillo, picador, peon, puntillero, caballero, etc.
-subalternes : tous les membres de la cuadrilla moins le maestro et l’apoderado.
-peones : ou chulos sont les 3 toreros à pied qui aident le matador (piétons auxiliaires du matador).
-mozo de espada : ou mozo de estoques est le fidèle servant et souvent l’ami du matador ; c’est le seul à s’occuper des épées de muerte (estoque et descabello) du matador.
-banderillas : ou palos, harpons fixes au bout de 2 bâtonnets enrubannés de 70 cm de long, posés par deux peones, les banderilleros ou par le maestro ce qui donne au tercio une note élégante dans ce cas les palos sont de même couleur.
-descabello : s’armant d’une épée spéciale, verdugo,, plus large, plus forte que l’estoc et portant une barre transversale formant croix avec la lame ( la cruceta ), en porte un coup sec dans le bulbe rachidien du toro pour le foudroyer.
-puntillero ou cachetero : peon qui donne le coup de grâce ( acomodador ) au toro avec la puntilla ou cachete
20 toril : les toros sortiront d’une ouverture accédant par un couloir aux chiqueros, loges sombres où ils sont enfermés quelques heures avant la corrida et au corral, enclos où les bêtes sont parquées durant quelques jours avant la corrida, au calme et au repos.
21 apostille : annotation en marge ou en bas d’un écrit.
22 toro, fiera, burel, bicho : zootechniquement le toro de combat est un mammifère du groupe des artiodactyles ( du grec artios, en nombre pair et dactylos, doigts) ruminant, cavicorne ( corne creuse), de la famille des bovidés, de la sous-famille des bovins, du genre Bos Taurus. L’origine du taureau de combat est contestée, pour les uns, il devrait ses caractéristiques, ses qualités et ses mœurs  à des conditions particulières d’élevage et de sélection orientées vers la course, pour d’autres, les détails de la morphologie et du squelette le rapprocheraient de l’aurochs ( Bos primigenius) (celui là, nous avons sa photo … dans les grottes de Lascaux ) qui peuplait l’Eurasie et l’Afrique du Nord au quaternaire. Ce toro doit avoir du trapio qui est la conjonction idéale des caractéristiques physiques de la race … pas moins de 80 adjectifs sont employés à décrire les formes, le poil, les cornes, le murillo, etc. Il doit avoir aussi de la caste c’est à dire du lignage. Etymologiquement un toro qui a de la caste est un toro dans les veines duquel coule du sang bleu des bovidés, il descend donc d’une ligne aristocratique. Aujourd’hui les souches sont Vistahermosa ou Vasquez et peut-être Cabrera et Gallardo qui remonte jusqu’au XVIII siécle.
-trapio : aspect, présentation. : c’est la conjonction idéale des caractéristiques physiques de la race.
-arrobas : mesure espagnole de poids qui vaut approximativement 11.5 kg.
-pitons : ou asta, les cornes du toro. Les éleveurs divisent la corne du toro en 3 parties : le piton ou pointe qui se termine par une partie acérée : le diamant, puis la pala qui est la partie médiane et la cepa qui est la base qui se continue par la peau peu chargée en poils mais recouverte d’un abondant furfu. La nomenclature fait état de 15 aspects des cornes. Citons pour l’exemple : corniabierto, aux cornes normalement plantées mais dont les pointes s’écartent l’une de l’autre, etc. Attention aux arènes qui autorise l’afeitado et font combattre des toros dont les cornes sont amputées de leur diamant.
-la robe : pelos= pelages, robes des toros. D’après la nomenclature, il y aurait une soixantaine de variantes de couleur. Nous nous contenterons de la couleur noire : negro, azabache ou mohino quand le poil est brillant.
-morillo : saillie charnue du toro, qui apparaît devant le garrot, sur le cou. Endroit où doivent piquer les matadors.
-manso : se dit d’un toro mou, sans ardeur.
-erales : veaux de deux ans. Moins de 2 ans : becerros, 2 à 3 ans : utreros, 3 à 4 ans : novillos, 4 à 6 ans :  toros.
23 chamaillis : mêlée, combat, dispute bruyante .
24 l’acometida, l’arrancada, embestida : charge brusque, attaque du toro.
25  cornada : coup de corne ou blessure qui en résulte et qui sont soignées en urgence à l’enfermeria de la plaza.
26 les passes : de capes ou de muletas sont listées dans le texte, il serait ici déraisonnable de les expliquer toutes, seule la chicuelina et farol recoivent un embryon d’explication.
-larga afarolada de rodillas a porta gayola : le maestro attend à genoux le toro vif qui sort du toril et lui sert cette passe en faisant virer la cape au-dessus de sa tête tandis qu’il pivote en direction du toro. Effet saisissant mais passe extrêmement dangereuse qui devrait être interdite par le CHSCT des arènes !
-chicuelinas : c’est une passe de cape, c’est une variante artistique de la véronique. Dés que la corne passe, l’homme pivote sur place et s’enroule dans les plis de la cape pour en fin de rotation se retrouver face au toro.
-remate : fin d’un mouvement, passe qui termine un jeu; exemple: la rebolera.
-quite: détournement de la charge du taureau avec la cape.
27 l’alégria: joie, gaieté … manière vive, gaie et gracieuse de toréer.
28 picadors : ou piquero, cavalier chargé de piquer le toro. Il répète ce geste autant de fois que le Président le juge nécessaire bien qu’il soit un subalterne aux ordres du maestro. Comme son cheval,  protégé par le peto (peto : caparaçon, obligatoire depuis 1928, qui protége le cheval du picador),  il est protégé entre autre par une jambière en ferraille et un chapeau rigolo, le castoreno, efficace surtout contre les projectiles venant des gradins.
-suerte de vargas : c’est la confrontation toro/picador. Il doit piquer, donner un puyazo sans vriller sa pica ou vara, dans le bas des muscles du coup ( morillo )
-vara : la pique ou pica ou vara. La longueur totale de la pique, hampe+fer sera de 2.55m à 2.70m. Le règlement prévoit que les fers des piques ( 18 fers ou puyas pour une corrida ) portent le timbre du Syndicat des éleveurs et spectateurs taurins qui atteste des dispositions du règlement. Ces fers arrivent aux arènes dans une boite scellée qui est ouverte en présence du Président de la corrida ou d’un représentant de l’autorité policière. Depuis 1962, ces fers ont la forme d’une pyramide triangulaire, avec des arêtes droites : 29mmm de long et 20mmm de large à la base. Elles sont d’acier tranchant …. Tout est extrêmement précis.
-monosabios : valets ( chulos ) des picadors qui aident à la mise en place du cheval.. En 1847, on exhiba sur scène  madrilène des singes savants vêtus d’une blouse rouge et cette années là, l’organisateur de la plaza de Madrid  s’avisa de vêtir ses chulos d’une blouse rouge. Inévitablements, quelques esprits éclairés firent le rapprochement avec les singes savants ( monos sabios ). Remarquez qu’il furent aussi appelés pajaritos cardenales (petits oiseaux de couleur violcée ) … la destinée sans doute !
29 patrociner :  parler longuement jusqu’à l’importunité.
30 raisonnailler : abus de raisonnement.
31 tercio : chacune des trois phases de la corrida: piques, banderilles, muerte. C’est aussi la découpe en 3 parties de la piste ; médios, le centre, tablas, la barrière et entre les deux, los tercios.
32 suerte : chaque confrontation homme-toro se nomme suerte. C’est aussi, la chance, le sort ; pour souhaiter bonne chance on dit simplement « suerte » !
33 incarnadine : de couleur incarnat, mais plus faible.
34 bisbilles : petite brouillerie, querelle sur des objets futiles.
35 attrapades : nom féminin : discussion, dispute, critique violente.
      attrapage : nom masculin : discussion, dispute, critique violente.
36 clabaudage ou clabauderie : criaillerie sans motif ( Mais le Seigneur plein de furie/fit cesser la clabauderie – Scarron ).
37 bluettes : petite étincelle qui pâlit et s’éteint aussitôt.
38 dardiller :  piquer par des paroles malignes.
39 picoter : attaquer par des traits malins.
40 pointiller : piquer par des railleries.
41 contre-pointer : contrecarrer, contredire.
42 bien-dire : habileté à parler.
43 muleta : pièce de serge rouge ( alors pourquoi dire flanelle ? ), de forme ovoïde, fixée, pliée en deux sur un bâton, le palillo. Ce dernier, long d’une cinquantaine de cm  possède une extrémité cannelée et l’autre se termine par une pointe d’acier, le pico de la muleta. La couleur de la serge a variée, blanche, bleue, jaune puis rouge et, il paraît même qu’elle fut verte aux Etats-Unis où la S.P.A locale espérait donner une chance supplémentaire au toro ! Ah, ces ricains !
44 Président : à l’heure fixée très prècise, un homme apparaît au palco  ( petite loge en haut des gradins). C’est le véritable patron de la corrida, au pouvoir absolu qu’il tient , du moins en Espagne , directement du gouvernement car il est soit Gouverneur civil de Province, soit Alcade d’une ville. Pas forcément connaisseur, il est flanqué de deux assesseurs spécialistes de la corrida. En France pas de règlement taurin , on copie un peu sur nos voisins ! Le Président communique ses ordres en affichant des mouchoirs ( panuelos ) : blanc pour diriger les opérations et attribuer les récompenses, les autres sont verts, rouges et bleus.
45 dominio : domination. Remarquable autorité d’un matador dans sa faena où il sait dominer son adversaire.
duende : charme, envoûtement.
temple : Hemingway le décrit ainsi : « c’est mouvoir la cape ou la muleta lentement, avec grâce et calme, prolongeant ainsi le mouvement de la passe ».
46 toreo : c’est l’art et la technique des gestes appropriés au combat que doit juger le spectateur, toujours en fonction du toro. Tout le toreo est basé sur l’exploitation de la charge naturelle du toro.
47 aguantar : endurer, contenir, attendre, résister, tenir. L’aguante intervient vraiment lorsque le matador conserve sa parfaite immobilité de jambes et de buste et poursuit son mouvement de bras même si le toro charge de façon inquiétante, s’arrête en suerte ou manifeste un mouvement imprévu. Effet émotionnel intense garantit !
48  vespériser : réprimander.
49   schibboletth : langage ou manières quiappartiennent à des groupes exclusifs, et qui désignent ceux qui en sont et excluent ceux qui n’en sont pas. [  Le duc d’Hérouville, poli comme un grand seigneur avec tout le monde, eut pour le comte de la Palférine ce salut particulier qui, sans accuser l’estime ou l’intimité, dit à tout le monde : « Nous sommes de la même famille, de la même race, nous nous valons ! » Ce salut, ce schibboleth de l’aristocratie, a été créé pour le désespoir des gens d’esprit de la haute bourgeoisie.  ( H. de Balzac) ]
50  embarbouiller : faire perdre à quelqu’un le fil de ses idées. Impensable au SICTAME !
51  rebéguer : répondre et tenir tête à un supérieur.
52  ragoter : murmurer souvent et sans sujet contre quelqu’un.
53  rognonner : grnder, grommeler entre les dents.
54 estocades :
55  babil : abondance de paroles faciles et sans imortance.
56 escobarderies : « on emploie le mot escobarderie pour signifier un adroit mensonge » ( d’Alembert).
57  galimart : galimatias.
58  embabouinage : amener quelqu’un par des cajoleries à faire ce que l’on souhaite de lui.
59  abrazo : accolade.
60 trophées : le public sanctionne le combat du toro ( pelea) dont la dépouille est honorée par un tour de piste ( vuelta ), et celui du torero ( toreo ) qui peut recevoir une bronca ( huées) ou une oreille ( ojera ) ou deux oreilles ou deux oreilles et la queue ( rabo ), c’est un cas rare.
61: synallagmatique : terme juridique qui s’applique à un contrat engageant réciproquement les parties les unes en vers les autres.
62 hombros : épaules. Sortie en triomphe du matador sur les épaules des areneros. L’article 68 du règlement  n’autorise ce genre de triomphe à la romaine que lorsque le matador a obtenu au moins deux oreilles. Signe de notre temps, il paraît que les porteurs sont devenus de véritables professionnels qui se font payer suivant le poids des torero … défense de se bidonner, je ne suis pas torero.
63 campos : campagne, champ … un des plaisirs raffinés de l’aficionado est d’aller voir les toros au campo.
ganaderos : éleveur de toros  ( criador ) ; le mayoral est son contremaître.
64  temporada : saison des corridas.
65 tertulia : réunion.
66 indulto : grâce. Lorsque le toro, au long de son combat, a fait étalage d’une caste exceptionnelle, le public peut demander sa grâce au président de la corrida: peticion de indulto. ( une manif, quoi ! )Le toro gracié retournera à son élevage pour y devenir semental ( reproducteur, étalon ) et il devra couvrir entre 40 et 50 vaches. On le réunit à elles au printemps et il reste en leur compagnie galante 5 à 6 mois . Est-ce un choix enviable, d’autant plus que je me suis laissé dire que la mécanisation arrive pour le prélèvement  de semence.
67 immarcescible : qui ne peut se flétrir , qui est incorruptible.
68  cumbre: la cime, la perfection de l’art !
69 toreador : substantif mériméen popularisé par les librettistes de Carmen, Meilhac et Halevy, qui ne tinrent aucun compte de l’avis autorisé de Théophile Gauthier  qui écrivit en 1840 dans son « Voyage en Espagne : … on ne dit pas toreador mais torero ».
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71 « Ave immperator, Morituri te salutant clamaient les gladiateurs » avant d’en découdre dans l’arène. Le matador, avant de mettre sa vie en jeu , dans l’arène,   au moment de tuer ( matar ) le toro, demande simplement au Président : « con permiso », avec votre permission.